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Comment la Confédération, les CFF et les cantons redéfinissent la pratique architecturale avec le BIM

Réunion BIM Architecture

Les points essentiels

En Suisse, la transition vers le BIM (Building Information Modeling) ne relève plus de la simple innovation technologique. Elle s’impose progressivement comme un standard exigé dans les grands projets d’architecture et d’infrastructure. Entre directives fédérales, initiatives cantonales et stratégies ambitieuses des CFF ou d’Armasuisse, la modélisation numérique transforme la manière de concevoir, construire et exploiter les bâtiments. Cette révolution silencieuse modifie en profondeur les méthodes de travail des architectes, ingénieurs et maîtres d’ouvrage, tout en ouvrant de nouvelles perspectives professionnelles.

Le tournant numérique du bâti suisse

La Suisse est reconnue pour la qualité de son architecture et de son ingénierie. Mais face à la complexité croissante des chantiers, aux contraintes environnementales et à la pression économique, le secteur du bâtiment s’engage dans une profonde mutation numérique.

Le BIM (Building Information Modeling) s’impose comme l’un des leviers majeurs de cette transformation. Plus qu’un outil, c’est une méthode de travail collaborative permettant de concevoir des maquettes numériques intégrant non seulement la géométrie, mais aussi toutes les données techniques, énergétiques et administratives du projet.

Alors qu’en France ou au Royaume-Uni, le BIM est déjà devenu une obligation pour les marchés publics, la Suisse avance à son rythme, fidèle à son modèle fédéral. L’adoption n’est pas encore uniforme, mais les signaux se multiplient : les grands donneurs d’ordre publics (Confédération, CFF, cantons) rendent progressivement le BIM obligatoire dans leurs appels d’offres. Le secteur privé suit, conscient des gains de précision, de coordination et de traçabilité que permet cette approche intégrée.

Une stratégie fédérale qui amorce l’obligation du BIM

Sous l’impulsion du programme Suisse numérique, la Confédération a défini une stratégie pour encourager la digitalisation de la construction. Cette orientation vise à rendre le BIM obligatoire pour les biens immobiliers publics dès 2025, puis pour les infrastructures à moyen terme.

L’un des acteurs clés de cette politique est Armasuisse, le service fédéral responsable du patrimoine immobilier et des acquisitions du Département de la défense (DDPS). Dès 2024, Armasuisse a commencé à intégrer dans ses cahiers des charges des exigences BIM normalisées : niveaux de détail, responsabilités, modèles de données et livrables as-built.

Depuis 2025, tous les nouveaux projets fédéraux devront être planifiés, construits et exploités selon la méthode BIM. Cette évolution marque un tournant historique : pour la première fois, un maître d’ouvrage public suisse établit des standards précis et contraignants.

Cette approche s’inspire des meilleures pratiques internationales, mais reste adaptée au contexte helvétique : respect des normes SIA, formats interopérables (IFC), gestion collaborative et répartition claire des responsabilités. L’objectif n’est pas d’imposer un logiciel, mais une culture commune de l’information et de la transparence.

Train suisse CFF

Les CFF sont la locomotive du BIM en Suisse

Dans le domaine des infrastructures, les CFF (Chemins de fer fédéraux suisses) jouent un rôle moteur. Dès 2021, ils ont rendu le BIM obligatoire pour leurs projets immobiliers, et ont prévu son extension aux infrastructures ferroviaires depuis 2025.

Concrètement, cela signifie que tout projet de gare, tunnel, dépôt ou bâtiment administratif au-dessus d’un certain seuil financier (généralement 5 millions CHF) doit être conçu selon une approche BIM. Les appels d’offres des CFF précisent les exigences en matière d’information, de modélisation et de collaboration.

L’entreprise a structuré sa feuille de route autour de plusieurs phases :

  • 2025 : planification BIM obligatoire pour les nouveaux projets.
  • 2027 : intégration du BIM dans les phases de construction.
  • 2030 : généralisation à la mise en service et à l’exploitation.


Cette stratégie progressive illustre la maturité de la démarche suisse : les CFF ne cherchent pas à imposer brutalement la technologie, mais à faire monter en compétence leurs partenaires et à standardiser leurs processus.

Pour les bureaux d’architecture et d’ingénierie, collaborer avec les CFF devient un gage de modernité — mais aussi un défi : les équipes doivent désormais maîtriser les workflows BIM, la coordination interdisciplinaire et les protocoles OpenBIM.

Genève, pionnier cantonal du BIM administratif

Le canton de Genève fait figure de précurseur parmi les administrations cantonales. Depuis 2018, il a mis en place un projet BIM État, avec un triple objectif :

  1. Permettre le dépôt de permis de construire via maquette numérique ;
  2. Gérer plus efficacement son patrimoine immobilier public ;
  3. Intégrer la modélisation 3D dans la planification du territoire.


Concrètement, Genève a développé un starter kit BIM et une procédure d’autorisation numérique permettant aux architectes de soumettre un modèle IFC en complément du dossier classique. Cette innovation ouvre la voie à une dématérialisation complète du processus de validation.

Si le BIM n’est pas encore obligatoire pour toutes les demandes, l’État genevois encourage activement cette pratique. À terme, l’administration souhaite que la maquette numérique devienne le format de référence pour les projets publics, facilitant la vérification des surfaces, des volumes et de la conformité réglementaire.

Ce modèle genevois pourrait inspirer d’autres cantons comme Vaud ou Zurich, où la digitalisation des processus de construction figure aussi parmi les priorités à moyen terme.

Source de l’image : Basler & Hofmann – baslerhofmann.ch

Des projets pilotes aux grands chantiers : la preuve par l’exemple

Le passage du discours à la pratique se joue dans les projets pilotes. Plusieurs réalisations récentes ont servi de laboratoires pour tester les méthodes BIM dans un contexte suisse.

L’un des plus emblématiques est la voie “Eigenheimstrasse” à Küsnacht (ZH), première infrastructure routière entièrement planifiée et réalisée avec la philosophie BIM. Grâce à une modélisation intégrée, les ingénieurs ont pu anticiper les contraintes de terrain, réduire les erreurs de coordination et améliorer la communication avec les entreprises.

De son côté, Armasuisse a conduit un projet pilote à Mellingen (AG) pour la planification des conduites d’évacuation d’eau d’une base logistique. Les modèles 3D ont permis de détecter des incohérences avant exécution et d’ajuster les plans sans retard ni surcoût.

Dans le secteur du bâtiment, des projets comme le Smart Living Lab de Fribourg ou le quartier Lokstadt à Winterthur démontrent que le BIM peut aussi devenir un levier de durabilité et de performance énergétique. Ces chantiers hybrides, mêlant architecture, ingénierie et innovation, annoncent l’architecture suisse de demain : intelligente, coordonnée et évolutive.

Les défis d’une généralisation maîtrisée

Malgré cette dynamique, la généralisation du BIM soulève plusieurs défis.

Compétences et formation

Le tissu professionnel suisse est composé majoritairement de PME et de bureaux indépendants. Beaucoup n’ont pas encore les ressources humaines ou techniques pour adopter le BIM de manière complète. La formation continue devient donc cruciale, non seulement pour les architectes, mais aussi pour les techniciens, coordinateurs et maîtres d’ouvrage.

Interopérabilité et standards

L’autre enjeu majeur est la compatibilité entre logiciels et formats. Les acteurs suisses privilégient une approche OpenBIM fondée sur le format IFC, mais la coordination entre disciplines reste complexe. Sans des normes claires et partagées (EIR, BEP, LOD), la collaboration peut vite se transformer en casse-tête.

Coûts et responsabilités

Le BIM demande un investissement initial : licences, matériel, formation, coordination. Les maîtres d’ouvrage doivent accepter ce surcoût temporaire pour bénéficier, à long terme, de la précision et de la réduction d’erreurs qu’offre la méthode. Les contrats SIA sont d’ailleurs en cours d’adaptation pour intégrer les notions de responsabilité et de partage de données.

Une nouvelle culture du projet pour les architectes

Le BIM n’est pas qu’une question de logiciel : c’est une nouvelle culture de projet.

Il oblige les architectes à travailler de manière plus intégrée avec les ingénieurs, les spécialistes techniques et les entreprises. Les maquettes deviennent le support central de la communication entre tous les acteurs. Chaque modification se répercute instantanément sur le modèle global, réduisant les erreurs et les délais.

Cette approche collaborative transforme aussi la posture de l’architecte, qui devient chef d’orchestre de la donnée. Le BIM Manager ou Coordinateur BIM est désormais un profil stratégique dans les équipes de conception.

Enfin, cette culture du modèle numérique prépare le terrain à de nouvelles technologies : jumeaux numériques, réalité augmentée, planification énergétique prédictive. L’architecte suisse qui maîtrise le BIM s’inscrit ainsi dans un écosystème en pleine expansion, où la compétence numérique devient aussi précieuse que la créativité.

Vers un modèle suisse du BIM intégré

À la différence de certains pays, la Suisse n’impose pas le BIM de manière uniforme. Ce choix reflète sa tradition de fédéralisme et d’autorégulation professionnelle. Mais cette approche a aussi un avantage : elle permet d’expérimenter, d’adapter et d’améliorer les processus avant de les généraliser.

On observe aujourd’hui une convergence progressive entre acteurs publics, associations professionnelles (SIA, CRB, VSA) et entreprises privées pour créer un modèle suisse du BIM : flexible, interopérable, et axé sur la qualité plutôt que sur la contrainte.

Ce modèle privilégie les standards ouverts, la formation locale et la valorisation des compétences suisses plutôt que la sous-traitance à l’étranger. Les collaborations entre Armasuisse, Swisstopo et les hautes écoles (EPFL, BFH, HEIA-FR) vont dans ce sens : bâtir une infrastructure numérique nationale connectée, intégrée aux SIG et aux cadastres.

À terme, la Suisse pourrait devenir un exemple d’interopérabilité souveraine, où chaque bâtiment, route ou tunnel s’intègre dans un environnement de données unifié au service de la durabilité et de l’efficacité publique.

Il faut se former pour accompagner la mutation

Le mouvement est lancé. Le BIM devient la nouvelle langue commune de la construction suisse. Qu’il s’agisse des grands projets fédéraux, des chantiers ferroviaires ou des bâtiments publics cantonaux, la maquette numérique est désormais au cœur des décisions.

Pour les architectes et concepteurs, cette transition représente autant une contrainte qu’une opportunité stratégique. Maîtriser le BIM, c’est non seulement répondre aux exigences des maîtres d’ouvrage, mais aussi renforcer sa crédibilité, améliorer ses marges et accéder à des marchés d’envergure.

Chez Cadschool, nous accompagnons cette évolution à travers nos formations Archicad, Revit ou encore BIM Management, conçues pour permettre aux professionnels de s’approprier ces nouveaux outils de conception et de coordination.

La digitalisation du bâti suisse est en marche. Et ceux qui sauront en comprendre les codes : technologiques, méthodologiques et culturels, seront les bâtisseurs de demain.

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